17ème édition du Festival International de Films de Fribourg.
La 17e édition du Festival international de films de Fribourg qui se teindra du 16 au 23 mars 2003 va se dérouler sur un fond de polémique provoquée par la programmation du film palestinien Jénine&Jénine de Mohammed Bakri.
Alors que l’Algérie sera absente à cette édition, la Tunisie participera avec un film en compétition (Poupées de Nouri Bouzid) et l’Afrique sera célébrée, entre autres, en assurant l’ouverture de la manifestation avec le dernier film du Mauritanien Abderrahmane Sissako, lauréat de la dernière édition du Festival panafricain de Ouagadougou : En attendant le bonheur.
Cette nouvelle édition refuse de se limiter à une messe de promotion de réalisateurs ou à un bal de projections qui égayent les journées hivernales des Helvètes. Elle veut absolument, en ce temps de crise, susciter réflexion en ouvrant la compétition aux cinémas de divers horizons, en croisant les regards du Nord avec ceux du Sud, en tenant des séminaires sur les sujets touchant aussi bien à l’actualité qu à la production cinématographique et, surtout, en ayant le courage de maintenir la programmation du film Jénine&Jénine qui déstabilise, apparemment, une certaine logique, malveillante à la cause palestinienne, bien établie en Suisse.
Ce film, pourtant, qui n a rien de choquant, mis à part qu il montre des images très dures à voir, étant donné qu il est un poignant témoignage sur la sauvagerie de l armée du Tsahal, n est pas du goût du président d’honneur de l association suisse des cinémas Vital Epelbaum qui souhaite son retrait sous prétexte qu il est directement visé en tant que juif suisse Pour lui, ce documentaire n est non seulement nul cinématographiquement, mais en outre, il incite à la haine raciale. À ces propos, on peut opposer ceux du réalisateur : J ai voulu faire un film sur la souffrance, un film pour toutes les mères de famille. En effet, Jénine… Jénine est un important travail de mémoire dans la mesure où il est constitué essentiellement de témoignages recueillis dans le camp de réfugiés de Jénine quelques jours après l assaut de l’armée israélienne en avril 2002. Une opération qui s’est soldée par la mort d une cinquantaine de Palestiniens et de 14 soldats israéliens.
Dans ce sens, Mohamed Bakri n’est point un fanatique qui incite à la haine, mais un réalisateur qui filme les traces d un massacre. Son regard est resté lucide. D’ailleurs, il n est pas insignifiant de rappeler qu il est aussi un comédien qui a joué dans Esther du réalisateur, aussi atypique que rebelle, israélien Amos Gitaï, et Haïfa du Palestinien Rashid Masharawi, tous deux amis à la ville. Ceci étant dit, il est difficile de comprendre l’attitude de cet inquisiteur du 7e art. Certainement, il n a point d’envie de montrer à ses compatriotes suisses les crimes de Sharon contre le peuple palestinien, et qu un lobby juif, en Suisse, a tenté maladroitement de dédouaner à travers une campagne médiatique coûteuse qui a fini par ne faire que le bonheur des journaux helvétiques qui ont relayé leurs communiqués.
T. Houchi
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