Gérard Corbiau fait danser le roi soleil.
Un film de Gérard Corbiau avec Benoît Magimel, Boris Terral, Tchecky Karyo, Colette Emmanuelle. Librement inspiré de l ouvrage de Philippe Beaussant Lully ou le musicien du soleil.
Belgique, 2000. Genre : tableau historico-musical. Ouverture fracassante, musicalement parlant, car LE ROI DANSE s ouvre sur le Te Deum de Lully, mais aussi visuellement, alors que Lully se blesse gravement le pied transpercé par sa canne. Le compositeur n est pas parvenu à maîtriser son ire, et Le roi n est pas venu assister au premier concert de son Te Deum. Fou de rage, Lully comprend qu il commence à tomber en disgrâce tout comme Molière, quinze ans auparavant, a subi la même disgrâce. Après cette entrée en scène fracassante, le film de Gérard Corbiau effectue un voyage dans le passé, précisément à l époque de l adolescence du futur Roi Soleil, Louis XIV. A la séquence suivante, Louis XIV, âgé de quatorze ans, est un roi sans pouvoir. Le royaume vit sous la régence de sa mère, Anne d Autriche, qui ,malgré son nom, est d origine espagnole, et du Cardinal Mazarin. Le gouvernement, représenté par deux étrangers dont une femme, a tôt fait d hâtiser les remous et les divergences politiques. Le « Parti des Dévots », parti pour lequel la reine Anne prendra fait et cause, prône la domestication à la fois du pouvoir politique et du pouvoir religieux. Le rigorisme de la reine croît avec l âge et suscite bien des frustrations chez le jeune roi qui nourrit déjà un encombrant complexe, faute d être autorisé à régner. Louis XI reste persuadé qu il régnera un jour mais il sait aussi que l on fera tout pour l empêcher d accéder au pouvoir. Le jeune roi trouve alors refuge dans les arts, en particulier la musique et la danse. Grâce aux chorégraphies que Lully conçoit et grâce aux musiques qu il compose pour le roi, ce dernier sort de sa chrysalide et apparaît sous un jour nouveau aux yeux de la cour. Le roi excelle dans l art de la danse et s affirme rapidement comme le Roi-Soleil. A travers les créations de Lully, puis celles de Molières, le roi s impose presque comme un dieu sur terre. Louis XIV crée d Académie de danse et se préoccupe plus des mondanités fastueuses de la cour que de politique. Lully évince peu à peu Molière, déjà malade, et est convaincu que le roi ne peut se passer de lui. Son amour pour le roi l aveugle et il ne voit pas pointer l heure de sa disgrâce.
Gérald Corbiau, fidèle à ses courts-métrages précédents, brosse un tableau minutieux de la cour, en y intégrant dans une osmose parfaite des morceaux de musique judicieusement choisis. Le cinéaste belge s est longuement documenté, soignant le moindre détail de reconstitution, que ce soit dans le contexte politique ou dans la véracité des faits. S inspirant d ouvrages compulsés avec attention, Corbiau a choisi de présenter une facette peu commune de Louis XIV et de Lully. Les spectateurs assistent, médusés, à la chute du roi, alors qu il danse une seule et unique fois Les Amants Magnifiques. De même, la mort de Lully, causée par l accident de la canne en dirigeant le Te Deum, est authentique. Corbiau ajoute une touche très personnelle et originale en exploitant la complicité d un trio joyeux composé du roi, de Lully et de Molière. Il explore des subtilités narratives en brodant autour de l homosexualité de Lully, développant l ambiguïté de l amitié entre Louis XIV et son compositeur. L audace du film réside surtout dans le choix d un acteur inattendu pour interpréter Molière, Tchecky Karyo. L acteur se retrouve dans un registre dont sa carrière l avait éloigné. LE ROI DANSE est un film prestigieux par la qualité de sa reconstitution, par la précision de la fresque d époque, servi par des acteurs dont la qualité d interprétation enthousiasme
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