Les élèves du Conservatoire populaire de musique de Genève au Sahara.
En marge du Festival du film de la jeunesse et du marathon des dunes de Timimoun, un orchestre du Conservatoire populaire de Genève a donné une série de concerts de musique classique en Algérie.
Cette manifestation musicale, culturelle et pédagogique, ayant eu lieu du 27 décembre 2002 au 2 janvier 2003, entre dans le cadre de Mélodies Nomades, 3e concert au désert qu’organise l’agence algéroise Extravagances Voyages, dirigée par Fayçal Maafria. Ce dernier nous a informés que pour la première édition, en 1987 à Tamanrasset, et la deuxième , en 1988 à Djanet, il avait invité, respectivement, l’orchestre symphonique de Bordeaux et l’orchestre symphonique de Vienne. Cette année, l’honneur est revenu aux élèves du Conservatoire populaire de Genève, au nombre de dix-huit, et aux 5 professeurs, dont le directeur, Peter Minten, lesquels étaient suivis dans leurs déplacements par des touristes algériens, allemands, anglais et suisses.
Après avoir surmonté les pénibles conditions de la tournée durant laquelle ils ont fait preuve de beaucoup de courage, d’une constante détermination, d’une grande ouverture d’esprit et surtout d’immenses efforts pour satisfaire un public aussi bien varié qu’intéressé, ils ont clôturé ce périple, à la fois initiatique et extravagant, en beauté. L’émouvant concert donné à la salle Ibn Khaldoun, et dans lequel un air algérien appris durant le séjour a été intégré, est une sorte de touche finale d’un tableau à jamais gravé dans la mémoire de ces jeunes musiciens. Lors de la tournée, les premières parties des concerts ont été jouées par les élèves qui interprétaient, sous la direction de Jean-Claude Adler, un répertoire allant de J.-B. Lully à L. Boccherini en passant par A. Vivaldi.
Par ailleurs, durant les deuxièmes parties, données par un quintette de professeurs, le public a eu droit à un répertoire de W. A. Mozart. Le séjour s’est déroulé relativement bien. Toutefois, on regrette une agression à l’encontre de jeunes musiciennes et la blessure d’un élève à Beni Abbas, le lamentable service de l’Hôtel Gourara de Timimoun ainsi que les quelques problèmes d’organisation qui ont déstabilisé les Helvètes. Mais, la chaleur, la gentillesse et la générosité de la population ont fait oublier à nos hôtes ces petits incidents. Les actes du genre de celui de l’Association de tourisme et de loisirs et d’échange de Beni Abbas, organisée par les deux dynamiques Hadibi Abdellatif et Bebtahar Abdellah, lequel a animé, sous une kheima, une soirée de qarqabou et refusé de prendre l’argent négocié pour un tour de chameau dans les dunes, suite aux tristes incidents survenus dans leur ville, méritent d’être loués. Eu égard à ces couacs, cette “idée folle” d’organiser un concert au désert qui n’aurait pas eu lieu sans l’entêtement, le courage et l’extravagance de F. Maafria est à encourager. L’expérience s’est soldée par un intense échange culturel, artistique et émotionnel. Les élèves de l’école coranique de Beni-Aïssi, où le premier concert a eu lieu, réclamant aux élèves genevois des copies de leurs partitions a atténué le malaise des musiciens provoqué par la présence agressive des caméras de la KTV. Avant de partir, le directeur du CPM a exprimé son souhait d’inviter en Suisse des enfants musiciens algériens pour leur faire vivre une expérience similaire. À bon entendeur salut !
T. H.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.