Terence Davies méthamorphose Gillian Anderson.
Un film de Terence Davies avec Gillian Anderson et Eric Stoltz. Angleterre, 2000. Il a été présenté,hors compétition, au Festival international de film de Locarno 2000 (Piazza Grande).
Genre : fresque d’époque. En 1988, Terence Davies avait emporté le Léopard d’Or à Locarno en présentant en compétition DISTANT VOICES, STILL LIVES, film quasi-autobiographique qui peint le tableau d une famille ouvrière de Liverpool vivant dans la misère la plus totale et terrorisée par un père violent.
Comme tous les films précédents de Davies, DISTANT VOICES, STILL LIVES traitait essentiellement du souvenir. Le style des films antérieurs à THE HOUSE OF MIRTH reposait principalement sur le fonctionnement de la mémoire avec toutes les errances que cela comporte, entre réminiscence et oubli, flux et reflux de souvenirs ainsi que hasard. THE HOUSE OF MIRTH rompt avec la continuité établie par la filmographie de Davies. La narration y est très structurée, méticuleuse, croquant les personnages comme le ferait un portraitiste. Les décors somptueux et les toilettes éblouissantes de THE HOUSE OF MIRTH font cligner les yeux d’émerveillement et chavirer les émotions. L’éclat omniprésent de THE HOUSE OF MIRTH contraste violemment avec les quartiers populaires et ouvriers auxquels Davies s’était consacré jusqu à présent. Nous nous y étions habitués, d où cette heureuse surprise qui envahit le public lorsqu’il découvre le style pictural de ce film, souvent magnifié par de longs plans séquences, qui ne sont pas sans rappeler ceux de THE NEON BIBLE (1995), dont l’esthétique s inspirait étroitement des toiles du peintre Edward Hopper.
Adaptation réussie d un roman Adapté du roman de Edith Wharton, THE HOUSE OF MIRTH relate l’histoire de Lilly Bart, jeune femme portée aux nues par la haute société new-yorkaise du début du siècle, qui se met en quête du mari idéal. Idéal pour l’époque signifie un homme riche afin que la jeune puisse assurer son train de vie luxueux et atteindre le statut social qu’elle désire. Le cœur de la jeune Lilly (interprétée magnifiquement par Gillian Anderson) bat déjà pour Lawrence Selden (Eric Stoltz), un avocat séduisant mais trop peu fortuné pour satisfaire les besoins et prétentions de la jeune femme. A la recherche d’un époux approprié, elle se fraie un chemin dans un monde empli de tensions, de mensonges et d intrigues. Dépourvue d’un sens inné de l’intrigue, elle sombre rapidement dans les pièges d’un milieu animé par les préjugés, l’hypocrisie impitoyable et une moralité vicieuse. Lorsque sa beauté et son charme commencent à susciter des convoitises et attirer les jalousies, Lilly découvre la précarité de sa condition modeste et devient une proie facile pour les langues de vipères. Fortune et infortune d’une jeune femme naïve Déshéritée par sa tante à la suite d une dispute, Lilly poursuit son ascension sociale désespérée et passe ainsi à côté de l’amour. Tout s’écroule pour elle quand, accusée à tort d avoir une liaison avec un homme marié, elle est rejetée par la société et par ses amis. Il lui reste un dernier recours : son ami et confident, Lawrence. Elle découvre que sa meilleure amie à une liaison avec Lawrence Selden. Cette découverte la place dans une situation qui lui demande beaucoup de courage. Elle doit se résoudre à prendre une décision. Cette fresque retrace avec fidélité et minutie le faste et le clinquant de la société bourgeoise de 1900. Le rôle de composition que Terence Davies a proposé à Gillian Anderson rend l’héroïne de X-Files méconnaissable. L’agent Scully porte dentelle et corset étroit. La reconversion de Gillian Anderson est encore plus réussie que celle de son coéquipier, David Duchovny (l’agent Mulder) que l’on a vu récemment dans RETURN TO ME. La métamorphose de l’actrice de série télévisée est surprenante et laisse ombrager un avenir prometteur dans des rôles sur grand écran
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