La compétition officielle bat son plein : les nouveaux talents affrontent de gros calibres. Parmi les films remarqués, figurent Üç Maymun (Les trois singes) du Turc Nuri Bilge Ceylan, avec Ahmet Rifat Sungar et Hatice Aslan.
La réception du film a été très bonne à Cannes. Le film s’ouvre sur le visage d’un homme conduisant une voiture. Le sommeil alourdissait ses paupières. Un homme est renversé et tué. On apprend très vite que le chauffeur est un politicien véreux qui demande à son chauffeur de prendre sa place en prison contre une forte somme d’argent. Il va même jusqu’à séduire sa femme qui finit par tomber amoureuse de lui. Après la sortie de l’époux cocu, le machiavélique politicien veut effacer tout, mais la femme est très amoureuse. Devant l’humiliation qu’il lui fait subir, le fils supprime le bourreau de sa mère.
C’est de cette situation qu’est né le mensonge avec lequel vivait cette famille : une famille disloquée à force de petits secrets devenus de gros mensonges. Elle a tenté désespérément et vainement de rester unie en refusant d’affronter la Vérité. Pour ne pas avoir à endurer des épreuves et des responsabilités trop lourdes, elle choisit de nier cette vérité, en refusant de la voir, de l’entendre ou d’en parler, comme dans la fable des « Trois singes ».
Avec ce film Nuri Bilge Ceylan confirme une fois de plus sa maturité cinématographique et se montre fidèle à son style qui donne une place importante à la recherche esthétique et photographique. L’alternance des plans serrés et larges, relativement longs, épouse ces mensonges que cette famille entretient et garde en secret. Seuls les rapprochements de la caméra les laissent entrevoir à travers les yeux bien cadrés.
Avec le temps, et avec son excellent travail qui fait de lui un habitué de Cannes, Nuri Bilge Ceylan, né en 1959, est devenu une figure emblématique du cinéma turc qui n’hésite pas à ébrécher l’Etat et la société turcs comme dans ce film où il s’attaque au système politicojudiciaire de son pays.
Après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur à l’Université du Bosphore, Nuri Bilge Ceylan termine deux ans de cinéma à l’Université Mimar Sinan d’Istanbul, avant de réaliser, en 1995, le court-métrage Koza, présenté en compétition au Festival de Cannes. Il se lance ensuite dans la réalisation de plusieurs longs-métrages notamment Kasaba (1997) qui remporte le Prix Caligari au Festival de Berlin en 1998.
En 1999, il signe Nuages de mai présenté en compétition au Festival de Berlin. Son film Uzak remporte le Grand Prix et le prix d’interprétation masculine à Cannes en 2003. Après Les Climats, présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 2006, il revient tenter sa chance avec Les Trois Singes. Même si le film se veut une œuvre dense, fine et aboutie, le chemin de la palme reste parsemée de bons, de brutes et de truands.
T.H
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