Ses organisateurs ont annoncé son arrêt.
Au-delà des motivations des organisateurs, l’arrêt du festival n’est qu un échec cuisant d un projet qui manque de vision et de stratégie. Huit ans de festivités aussi extravagantes qu irrationnelles, financées à coups de millions de dollars, ne peuvent mener inéluctablement qu à l’arrêt de la manifestation.
Alors que les professionnels du cinéma s apprêtent à vivre l’aventure cannoise, les organisateurs du Festival du film d’Abou Dhabi ont, dans un communiqué laconique, annoncé que l’événement annuel a mis la clé sous le paillasson. Les organisateurs ont motivé cet arrêt par leur volonté de concentrer leurs efforts sur le développement de talents locaux et arabes et sur la façon d’attirer des cinéastes dans la région. C’est dans ce sens que le fonds Sanad, associé au festival et créé pour venir en aide aux réalisateurs arabes, va continuer ses activités.
Beaucoup d’efforts chaotiques ont été fournis pour faire de la riche capitale des Emirats arabes unis un centre cinématographique et médiatique : offre de rabais aux studios, invitation de stars, financement de festival, création d’un fonds d aide, etc. Cela a eu comme résultat des années de faste au sein du festival, tournage de quelques scènes de Fast & Furious et du prochain Star Wars de J. J. Abrams, attendu pour décembre.
L’arrêt du festival, moteur de cette politique ambitieuse, efface ces minimes résultats. Au-delà des motivations des organisateurs, l’arrêt du festival n’est qu’un échec cuisant d un projet qui manque de vision et de stratégie. Huit ans de festivités aussi extravagantes qu irrationnelles, financées à coups de millions de dollars, ne peuvent mener inéluctablement qu à l’arrêt de la manifestation. Cette information, reçue avec étonnement dans le milieu du cinéma, est une invitation à l’autocritique.
Plusieurs autres pays se sont lancés dans la course à la création de festival de cinéma dont la plupart relèguent l’art au second plan au profit du politique et du touristique. En Egypte, au Maroc, aux Emirats, au Qatar, etc., le festival de Dubaï et de Marrakech mis à part, il est très difficile de trouver une manifestation basée sur une vision d’avenir ayant comme but le soutien aux jeunes talents.
Certes, il est légitime de promouvoir le tourisme et de séduire les productions étrangères dans le pays, mais ne chercher que cela finit par suffoquer les élans créatifs. Après le festival le Tribeca Film Festival de Doha (2012), d’Abou Dhabi, on se demande qui sera la prochaine victime de cette folle politique mégalo-médiatique.
T. H.
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