Le festival du film de Locarno 2015.
Sans manifester aucune opposition à l’idée de soutenir des cinéastes israéliens individuels ou projeter des films israéliens, les signataires se disent particulièrement troublé-e-s par le fait que cette distinction intervient peu après le dernier massacre israélien à Gaza l été 2014.
Le Festival international du film de Locarno aura lieu en août 2015. Tandis que le programme Open Doors 2015 est consacré au pays du Maghreb, la 5e édition de la Carte blanche accueille Israël. Ce dernier choix irrite plusieurs cinéastes dont le Britannique Ken Loach, le Palestinien Elia Suleiman et l’Indienne Mira Nair qui ont lancé une pétition pour demander aux organisateurs de reconsidérer leur choix. En effet, les insurgés expriment une profonde préoccupation quant au fait que le festival de Locarno a choisi de travailler en partenariat avec le Fonds israélien du film et le ministère israélien des Affaires étrangères.
Cette préoccupation a été justifiée par le fait qu Israël n’a pas seulement poursuivi mais intensifié depuis plusieurs décennies ses politiques d’occupation, de colonisation et de nettoyage ethnique à l’encontre du peuple palestinien. Dédié aux films en postproduction, ce programme récompensera de 10 000 CHF le film gagnant parmi les 7 en compétition. Il aura aussi la chance d’être présenté aux professionnels présents au festival. Au-delà de cet objectif cinématographique annoncé par les organisateurs, les signataires de la pétition y voient carrément un soutien à l’état israélien, puisque ce programme est monté en coopération avec le Fonds israélien du film.
Le communiqué précise que cet organisme est soutenu par le Conseil israélien pour le cinéma que le gouvernement israélien a mandaté comme organisme consultatif de financement du film ; il bénéficie aussi du soutien de l’unité du film au ministère des Affaires étrangères dont le but est de promouvoir les films israéliens à l’étranger avec le soutien des attachés culturels des ambassades israéliennes à travers le monde. Sans manifester aucune opposition à l’idée de soutenir des cinéastes israéliens individuels ou projeter des films israéliens, les signataires se disent particulièrement troublé-e-s par le fait que cette distinction intervient peu après le dernier massacre israélien à Gaza l’été 2014 et l’accès au pouvoir du gouvernement le plus raciste et le plus à droite de l’histoire d’Israël. De son côté, le festival se défend en mettant en avant le principe des critères artistiques. Tout en précisant qu il est un espace de liberté d’expression sans distinction d ethnie, de confession, de nationalité, et en rappelant les participations des pays du Maghreb et du Machrek aux éditions passées, il affirme : Ces principes de liberté artistique sont pour nous un credo auquel nous n entendons pas déroger. Aussi, il souligne que le programme de la prochaine édition contenant une Carte Blanche au cinéma israélien prévoit aussi un focus sur les pays du Maghreb. Cette tension pré-festival risque de créer une pression sur les participants algériens, marocains, libyens et tunisiens, voire même de compromettre leur participation, qui sont invités cette année à participer au programme Open Doors. Ce dernier est un programme permettant la rencontre de producteurs en vue d une éventuelle coproduction.
Cela est d’autant plus vrai que cette initiative n’a pas été d’un grand apport pour les cinéastes maghrébins. En effet, le Maghreb a été l’invité durant l’édition de 2005, mais aucun film en cours de production n’a pu trouver une aide en Suisse. En revanche, le public s est régalé des films qui ont été projetés à cette occasion.
T. H.
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